mercredi 30 avril 2008

Catastrophe



Réalisé par Laurent Thessier avec la complicité de Christian Beuchet
Produit par Bobine de film

Ce petit film tourné chez moi devait être une présentation marrante de la chanson Catastrophe. Il est devenu un clip.

J'aime particulièrement le fer à repasser géant.

dimanche 20 avril 2008

Catastrophe ?




Paris, début du mois d'août 2003, dimanche matin, sept heures.

Il fait très chaud, la canicule bat son plein. Je monte vers les hauteurs du XXe en chantant. La nuit était parfaite et la perspective de retrouver le futon provisoirement posé au milieu de ma nouvelle chambre me réjouit. Je suis ivre et heureux, c'est une combinaison suffisamment rare pour que je la goûte.

Il est quand même sept heures du matin, et je viens de traverser Paris à pied en chantant. Voyons les choses en face, je suis roti. Les quatre étages m'achèvent. Alors que j'introduis ma clé dans la serrure-trois-points flambant neuve, je ne pense plus qu'à mon futon. Seulement, voilà. La clé ne tourne pas. Elle entre, mais ne tourne pas. Je n'en ai qu'une, c'est bien celle-ci. Elle entre. Mais ne tourne pas. Je force. Rien. Merde. Je tapote la porte, espérant débloquer quelque chose, mais non. Nib. Vu l'heure, j'hésite à taper plus énergiquement. Allons, fais marcher ta tête. Il doit y avoir une solution. C'est une serrure neuve, elle doit se faire. J'essaie de soulever la porte en tournant la clé, de la tirer vers moi. Elle rentre, mais ne tourne pas. Salope.

Devant un café fumant, au pied de chez moi, je regarde la fenêtre ouverte de la cuisine. Si seulement je pouvais escalader les quatre étages et rentrer par la fenêtre... J'appelle les pompiers, après tout, je suis enfermé dehors.

- Non monsieur, nous ne déployons pas nos échelles pour aider les gens ivres à rentrer chez eux par la cuisine. Ce dont vous avez besoin, si un café ne résout pas votre problème, c'est d'un serrurier.

- Oui nous nous déplaçons le dimanche matin avec un supplément de cent euros. En tout, pour l'intervention, il faudra compter entre sept et huit cent euros.

- Jamais !

Après tout, c'est mieux comme ça. Ils vont arriver en un éclair, ouvrir la porte avec un laser et un stéthoscope, dans une heure je serai au lit. Je me démerderai avec l'assurance.

Une heure et demie plus tard, je suis avachi dans la cage d'escalier quand un violent bruit de quincaillerie me réveille en sursaut. Un bonhomme vient de laisser tomber un seau métallique rempli d'outils devant mon oreille. Il me souffle la fumée de sa roulée dans la figure et me pose un tas de questions commençant par "alors". Alors, on a fait la fête ? Alors, on dort sur le palier ? Alors, on est enfermé dehors ?

Puis il commence son travail avec la technique de la radiographie : Il glisse un poumon ou un tibia entre la porte et le mur et essaie de faire rentrer la serrure. Avantage : technique silencieuse. Résultat : zéro. Assis par terre dans l'escalier, je lutte contre le sommeil. Toutes les minutes la lumière s'éteint, alors je dois tendre le bras pour appuyer sur un interrupteur placé un tout petit peu plus haut que mon bras n'est long.

Technique numéro deux, le trou dans le bas de la porte pour soulever la tige par le bas. Ce trou, il le creuse littéralement avec un ciseau à bois, en tapant comme un bourrin. Inconvénient : très bruyant. Résultat : zéro. Car comme le remarque mon nouvel ami, elle est neuve et de bonne qualité, cette serrure. Mes cinq nouveaux voisins sortent simultanément en pyjama l'--il hagard. J'ai peur. En tremblant, je leur explique que non je ne suis pas en train de cambrioler l'appartement de monsieur Machin (décédé), je suis le nouveau locataire, et cet homme est serrurier. Ça passe. On m'offre même du café. J'ai de la chance.

Technique numéro trois - ça commence à mal tourner - la perceuse. Le serrurier est enthousiaste. On va percer le barillet et le broyer. Mais c'est plus cher, plutôt mille euros.

- Non, trop cher, laissez tout en plan, la porte bousillée, moi sur le palier, la clé coincée. Tant pis, j'irai vivre ailleurs.

BRRRRRRRRRRRRRR !

Je ne connaissais pas telle sensation. Le bruit. L'extrême-bruit. L'immeuble entier tremble. Des centaines de gens en pyjama se précipitent vers moi depuis les étages de mon immeuble, mais aussi depuis les immeubles du voisinage. C'est la fin. Je. Au secou.

Il est dix heures. Je suis enfin chez moi. Le broyeur de barillet est parti avec un chèque de mille cinq euros que l'assurance me remboursera intégralement dans une semaine.

Aujourd'hui, quatre ans plus tard, assis en tailleurs sur la terrasse de mon bungalow d'Ubud (Bali), je cherche l'inspiration. Cette histoire absolument vraie me revient et je me dis que ça aurait pu être bien pire.

Mini site




À la sortie de Bungalow, Ibernatus a créé mon site internet et m'a proposé cette mini version exportable dans les blogs, facebook etc, comme je le fais là. Le principe était d'offrir un résumé du gros site. Mais ce qui m'a amusé le plus c'est ce petit jeu façon SIMON de mon enfance, dans lequel j'ai mis des petits sons extraits de l'album. Le site n'est plus à jour mais le jeu marche encore, entraînez-vous !

vendredi 18 avril 2008

Bungalow ! (2008)

L'écouter sur deezer




  1. Catastrophe
  2. Adrienne
  3. J'aime lire
  4. Sympa
  5. Ce pull
  6. J'avais chaud
  7. Mon ami mythomane
  8. Vendéen
  9. Parle-moi
  10. N'importe quoi
  11. Le tire-fesses
Cinq7/Wagram - Éditions Wagram/Bobine
Réalisé par Albin de la Simone et Marlon B
Enregistré et mixé par Marlon B au studio Magnetica
Avec Pascal Colomb (basse), François Lasserre (guitares), Philippe Entressangle (batterie), Fabrice Colombani (percussions)

jeudi 17 avril 2008

CATASTROPHE



Catastrophe, au Café de la Danse le 17 avril 2008.
Filmé par Foooonelle, du public.

Juste après la sortie de Bungalow. Le concert était bien en accord avec l'album : rouge pétant !

Avec :
Rose et Barbara Barnes aux chœurs et aux chorégraphies
Pascal Colomb à la basse
François Lasserre à la guitare
Raphaël Chassin à la batterie

Marie Girardin, Mélanie Devoldère et / ou Mathieu Gervaise à la marionnette
Einat Landais à la création marionnettes

Jean-Beatles au son
Aldo à la création lumière
Tesh à la régie

mardi 8 avril 2008

Enregistrement Bungalow





Écriture

À l'automne 2006, je me suis envolé seul avec sur les épaules ma mini-guitare, mon mini-ordinateur, deux mini-enceintes, un mini-clavier et un maillot de bain. Je me suis posé à Bali dans un mini-bungalow en lisière de rizière. Mon programme était fabuleusement répétitif : Fruits, bain, thé, écriture de textes sur la terrasse, bain, nasi-goreng, bain, composition et maquettes sur mon ordinateur dans la chambre, bain, mie-goreng, dvd, cris d'animaux nocturnes. De cette période d'un mois, je suis rentré avec une douzaine de nouvelles chansons légèrement maquettées, c'est à dire provisoirement mises en forme avec une boite à rythme, et toutes sortes de percussions pas trop balinaises. Le résultat racontait franchement les histoires que je voulais raconter, mais au brouillon. J'étais heureux, le contenu de mon troisième disque était sorti de la marmite.
A mon retour en France, soumettant fièrement ma production à mon entourage, j'ai dû faire la part entre enthousiasme et perplexité. Certaines de mes chansons étaient comme ces tissus achetés au marché d'Ubud : magnifiques là-bas, un peu ridicules dans mon salon. J'ai commencé à recommencer. En alternance, ré-écrire, effacer, réécrire, revenir à la première version etc. Dans cette ambiance, les six premiers mois de mon année 2007 ont été étranges. Par choix, j'ai très peu travaillé pour les autres, ce qui m'a laissé beaucoup de temps seul chez moi, face à aux chansons venues ou à venir.


Lundi

En ce début d'été 2007, un an après notre dernier concert, j'ai donné rendez-vous à mes amis et musiciens Pascal Colomb, François Lasserre et Philippe Entressangle à Magnetica, le studio de mon non-moins ami et co-réalisateur Marlon B, à Paris.


Nous sommes tous réunis dans le studio, Marlon se tient devant la console (la table de mixage), la tête centrée entre les deux enceintes qui restituent à plein volume une de mes maquettes balinaises. Je suis à sa droite sur un fauteuil à roulettes. Derrière nous, enfoncés dans un canapé tellement plat qu'il ressemble à un tapis, Pascalou François et Philippe notent chacun à sa manière les informations importantes concernant la chanson que nous allons enregistrer. Philippe, batteur, inscrit les durées de chaque partie, en nombre de mesure. Huit mesures d'intro. 16 mesures de couplet, 8 de refrain avec arrêt sur la dernière, puis deux mesures de réintro. Ainsi de suite. François, guitariste, inscrit la liste d'accords, la trame dans laquelle il devra évoluer. Intro : Do mineur, Fa mineur en boucle pendant huit mesures. Couplet, pareil pendant 16 mesures mais plus léger car je chante. Etc. Pascalou, bassiste, dessine des spirales et des cubes. Il préfère mémoriser la chanson, chacun sa méthode. Pendant tout ce temps, Marlon éternue. Il est enrhumé.

Quand la chanson est repérée, quand les virages et les nids de poules sont localisés, tout le monde rejoint ses instruments dans des pièces isolées - l'intérêt de séparer les musiciens n'est pas d'éviter les bagarres, mais plutôt d'éviter que les micros qui enregistrent la batterie n'enregistrent de la guitare et vice versa.
Chacun chausse un casque dans lequel Marlon envoie du son : un métronome pour mettre tout le monde d'accord, ma voix enregistrée provisoirement, et les quelques instruments rescapés de mes maquettes enregistrées à Bali (choeurs bizarres, percussions...). C'est assez vide, tout reste à faire. Pour proposer une image aux plus visuels de mes lecteurs, je dirais que nous soumettons un squelette à une assemblée de spécialistes qui, après en avoir pris les mesures, lui ajouteront des organes, des  muscles, de la peau et quelques habits de bon goût.
Depuis notre poste de pilotage, Marlon et moi nous adressons aux trois musiciens simultanément grâce au talk-back, un micro intégré à la console qui est retransmis dans les casques. Nous ne nous voyons pas.

Marlon - Allô Tango-Papa-Bravo ? Vous avez tous vos casques sur les oreilles ?
Pascalou - AAAAh c'est trop fort ! Tu peux baisser le talk-back, Marlon ?
Marlon - Là ça va mieux ?
Pascalou - Quoi ??
Philippe - Albin, tu as déjà été sur des sites internet avec des vieilles dames ?
Moi - Non, oui, je sais pas, on pourra parler de ça plus tard ?
François - Je ne sais pas si vous m'entendez, mais moi, je n'entends rien dans le casque. Ou-ouuuu !
Marlon - (Avec l'accent québécois) Tabarnak, le monitor de François est magané... aaaatchoum !!! J'y vais.
Moi - Pascalou, tu peux prendre la basse Höfner, je préférerais un son plutôt médium, pas trop grave... Philippe, tu te souviens, il y a un passage un peu reggae, sur la maquette. J'ai fait ça par défaut mais en fait, je n'aime pas du tout. Donc je préférerais qu'on n'aille pas trop vers là.
Pascalou - On essaie ou quoi ?
François - Ah ça y est je vous entends. Salut bande de types !
Marlon - Salut François. On peut y aller. Allô tout le monde, il y a deux mesures de décompte et c'est le début de l'intro.
Philippe - Eh Marlon, tu as déjà fait l'amour avec plu...
Moi - OK, attention, ça tourne.

Les premières prises sont vraiment étranges. Chacun doit trouver une partie intéressante, compatible avec ce que font les autres (qui sont dans la même situation) et compatible, bien sûr, avec ma composition, ma voix, mon texte. Le tout doit, en outre, me plaire et plaire à Marlon. Notre rôle de réalisateurs consiste, à travers le talk-back, à les guider en soulignant ce qui marche et ce qui ne marche pas. Cela prend un certain temps, les prises se succèdent et s'améliorent. Avec des musiciens comme eux, c'est jouissif, et atrocement poilant. J'essaie de leur demander le moins de choses précises possible : avec le temps j'ai fini par comprendre que leurs idées sur leurs instruments respectifs étaient souvent plus intéressantes que les miennes. Et j'aimerais vraiment que ce disque soit un mélange de langages variés et riches plutôt qu'un empilement de couches d'un même langage (le mien). Au fur et à mesure des prises, toutes les transitions s'améliorent, et la chanson part dans une direction très inattendue. J'ai peur, mais je crois que c'est vraiment plus intéressant que la direction que j'imaginais. Marlon en est convaincu. On fonce.

Marlon - La dernière prise était super ! Je crois qu'entre celle-là et la précédente, on a la bonne, largement. Vous venez les écouter ?
Pascalou - Attends, j'en aurais bien fait une dernière...
François - Moi aussi, j'ai joué comme une poutre.
Marlon - T'es fou ?! C'était super ! Bon, si vous voulez on en refait une, ça coûte rien, mais bon.
Moi - Vous connaissez l'histoire de la girafe qui joue du saxophone dans l'orchestre de Count Basie ?
Tous - On s'en fout, on y va ?
Marlon - OK, (avec l'accent Belge) Alley, ça tourne.
En effet, la dernière est encore mieux. Philippe oublie de s'arrêter à la fin, du coup ils repartent tous pour un dernier refrain instrumental, et c'est super.
Dans la journée nous enregistrons les basse-batterie-guitare de trois chansons, c'est vraiment bien. À ce rythme, peut-être finirons-nous avec un jour d'avance, ou peut-être ramerons-nous pendant un jour entier sur un seul morceau, c'est tout à fait possible.


Vendredi

C'est d'ailleurs ce qui se passe. Après quatre jours d'un fluide et intense bonheur, nous coinçons sur la dernière chanson. Une journée entière de doutes, de versions A, B, C, version mambo, version slow... pour finalement que j'admette que cette chanson est une C.M.E.M.B.M. (Chanson Mal Écrite Mais Bien Maquettée - c'est les pires). C'est pourtant un grand classique dont je me méfie énormément lorsque je travaille pour d'autres que moi.
C.M.E.M.B.M. ?
Partons d'un postulat simple (et discutable, mais une autre fois) : une bonne chanson, c'est une bonne mélodie et un bon texte. L'interprétation et l'accompagnement font une version de la chanson, mais ne font pas la chanson.
Retournons à Bali. Disons que j'ai écrit un texte que j'aime beaucoup, mais son formatage (la durée des phrases, la taille des couplets, du refrain, le rythme du texte) est un peu irrégulier et ne m'inspire aucune musique. Première galère : difficile de composer une mélodie sur ces mots. Sans m'en rendre compte (ou évitant de m'en rendre compte), je compose une mélodie pauvre sur un accompagnement riche. L'un compensant l'autre. Je m'éclate car j'en profite pour vraiment enrichir la maquette, jusqu'à trouver cette chanson totalement à mon goût. Mais je ne me rends pas encore compte que la seule partie réussie de cette chanson est amenée à disparaître : c'est sa forme provisoire, sa maquette.
Malgré notre bonne volonté, le jour de l'enregistrement, il est trop tard pour résoudre le problème fondamental de cette C.M.E.M.B.M. Une journée entière de doutes, de versions A, B, C, version mambo, version slow. Et poubelle. Ou plutôt marmite : je l'y laisse retomber, pour qu'éventuellement elle ressorte sous une autre forme lors d'une prochaine session d'écriture. Peut-être pour un quatrième album. 
(note cinq ans plus tard : cette chanson, Lila, est toujours en chantier, je n'ai pas encore complètement résolu son problème)


Lundi suivant

Aujourd'hui et pendant les quinze jours à venir, je travaille seul avec Marlon. Philippe, Pascalou et François sont rentrés chez eux, le studio est beaucoup plus calme, c'est triste et beau à la fois. Nous projetons de travailler sur la première chanson que nous avons enregistrée lundi dernier : J'aime lire. Le squelette est maintenant un corps, nous devons l'habiller et le pomponner. Depuis le début, j'imagine un piano qui jouerait des accords aigus dans le refrain, et des notes graves dans les couplets. Marlon installe des micros autour du piano dans la pièce à côté, m'installe un casque et retourne à sa console. Je m'assieds au piano.

Marlon - Binbin le lapin, tu m'entends ?
Moi - Qui êtes-vous ?
Marlon - Joue un peu pour que je règle le son du piano...
Moi - Gling glong gling glong.
Marlon - OK. Je t'envoie le morceau.
Le morceau défile dans mes oreilles, mais le refrain passe trop vite, je n'ai jamais le temps de me mettre dedans. Je demande à l'écouter en boucle jusqu'à réussir exactement la partie de piano que j'entendais. Mais je n'y parviens pas, le son est toujours trop riche, je...
Marlon - Je t'arrête parce que franchement le son du piano ne rentre pas bien dans la musique. Tu veux pas essayer plutôt un clavinet (sorte de clavecin électrique) ? Un arpège un peu naïf, ça pourrait être bien...
Moi - Tu ne m'aimes pas, je le sais. Depuis le début tu essaie de me briser comme un... comme du... espèce de sale chameau.
Marlon - (Avec l'accent ougandais) Sorry angel, chorizo. Je ne voulais pas te vexer. Mais il faut dire que tu es susceptible, quand même, merde, on peut rien te dire.
Moi - Je suis peut-être susceptible, mais moi au moins, je ne suis pas... enfin, je me comprends.
Et on rit. On rit. On rit !

Marlon a installé le Clavinet, c'est super. Cet arpège est définitivement devenu l'un des principaux sons du refrain, mais il remet en question la guitare. Espérons que François pourra repasser pour rejouer sa partie en s'adaptant.


Lundi suivant lundi suivant

Marlon tourne les mises à plat. J'aime bien imaginer ce que vous comprenez de cette phrase.
Marlon tourne les mises à plat...

Nous avons fini les prises, tout s'est déroulé comme je vous l'ai raconté, y compris pour les autres chansons. Le seul aspect dont je ne vous parle pas est l'enregistrement des voix. Difficile pour moi d'en parler, je n'ai pas assez d'humour à ce sujet ni la distance suffisante. Disons que j'étais debout devant un micro (un U 47), un casque sur les oreilles dans lequel Marlon m'envoyait l'accompagnement. Je chantais bien ou mal, selon l'heure, la chanson, mon humeur et mon niveau de confiance en moi (niveau qui peut chuter dangereusement lorsque j'entends ma voix).
Voilà, mon troisième album est en attente de mixage. Alors en attendant la fixation définitive de l'espace et de l'équilibre entre les instruments, j'écouterai des mises à plat, tournées par Marlon.

samedi 5 avril 2008

Bungalow ! Livret complet

Catastrophe


Il est vingt heures j'ai froid aux pieds
En pyjama sur le palier
Un courant d'air et tout bascule
Claquer sans clé je suis bien nul

Gros-Jean debout devant la porte
De mon appartement fermé
Alors qu'au feu brûle le fond
De mon dîner dans un poêlon
Aïe aïe aïe
Catastrophe

On est mardi et le mardi
Moi je repasse mes habits
Malheur n'arrivant jamais seul
Le dîner crame, le fer aussi

De la musique un verre de vin
Je l'aimais bien ce soir d'été
Mais maintenant l'eau de mon bain
Va déborder sur le parquet
Aïe aïe aïe
Catastrophe

Un courant d'air et tout bascule
Claquer sans clé je suis bien nul

Et voilà je l'entends pleurer
La fumée l'aura réveillée
Elle voudrait mais n'ouvrira pas
Éléonore n'a que huit mois
Aïe aïe aïe
Catastrophe

Ma fille les doigts dans la prise
Ma fille au milieu des couteaux
Ma fille et le piment oiseau
Ma fille enjambe le balcon
Ma fille repasse un pantalon
Ma fille allume une bougie
Et caetera et caetera
Aïe aïe aïe
Catastrophe
Aïe aïe aïe
Catastrophe




Adrienne


Fantasque et fantaisiste
Elle était romantique
Et très aphrodisiaque

Princesse à l'abandon
Elle coulait pour de bon
Et toi saint-bernard dans le fond

Elle aimait emmêler les sentiments
Toi t'aimais les démêler gentiment
Mais elle est particulièrement partie brusquement
En fanfare Adrienne
Quand tu commences à l'oublier à peine
En pleins phares Adrienne
Un matin sans crier gare
Ressort du placard

En larmes à demi-nue
Plantée devant ta vue
Elle te parle d'amour

Ton sang ne fait qu'un tour
Les souvenirs pourtant 
Te crient attention c'est du vent

Elle apaisait les hommes épousés
Elle opposait les époux apaisés
Et zou la zizanie semée elle disparaissait 
En fanfare Adrienne
Quand tu commences à l'oublier à peine
En pleins phares Adrienne
Un matin sans crier gare
Ressort du placard
Comme par hasard
Non demi-tour n'y va pas
Ou elle te croquera
Te mâchera te recrachera
Encore une fois
Demi-tour n'y va pas
Ou elle te croquera
Te mâchera te recrachera

En fanfare Adrienne
Quand tu commences à l'oublier à peine
En pleins phares Adrienne
Ce matin sans crier gare
Ressort du placard
Trop tard

J'aime lire


J'aime lire
Les grands récits de chasse
L'odeur de la besace
Le muscle du cheval
Les plumes sous les balles

J'aime lire
L'album de la comtesse
Les tresses et la détresse
J'aime quand un simple mousse
La trousse et la détrousse

J'aime lire
Les trajectoires en pente
Les épopées sanglantes
Brusquement et soudain
Pourtant tout allait bien
J'aime lire
Mais non
Je ne l'ouvrirai pas
Je la laisserai là
Cachetée silencieuse
Je ne risquerai pas

J'aime lire
Les rapports de police
Les tortures les supplices
J'aime la garde à vue
Le pas vers la bavure

J'aime lire
Les histoires de guerre
Les vraies celles d'hier
Celles qui se terminaient
Et la vie reprenait
J'aime lire
Mais non
Je ne l'ouvrirai pas
Je la laisserai là
Cachetée silencieuse
Je ne risquerai pas
Je ne la lirai pas
Je la laisserai là
Grenade silencieuse
Je ne risquerai pas

J'aime lire
Mais non tout mais pas ça
Non ça je n'aime pas
Pas ces histoires-là
Pas mes histoires à moi
Non
Je ne l'ouvrirai pas
Je la laisserai là
Je ne risquerai pas
Et je ne saurai pas



Sympa


Dans mon jardin secret 
Je serai de béton
Je n'ouvrirai jamais
Je dirai toujours non

Je taperai du poing
Hurlerai pour un rien
Mais tout ça sera loin
Vous vous n'en saurez rien
Moi
Je suis sympathique
Un peu malgré moi
Je suis sympathique
N'en profitez pas

D'un bras d'honneur tonique
Je couperai la chique
Aux vaches avachies
Qui me lèchent sans relâche

J'enragerai dans la rue
Croquerai les mollets
Mais si je montre mon cul
Vous ne le verrez jamais
Moi
Je suis sympathique
Un peu malgré moi
Je suis sympathique
Tellement sympa
  
Sympa sympathétique
Sympa Sympathétique

Dans mon jardin secret
Je serai soupe au lait
Des huiles sur de la braise
Pogo bagarre de chaises
Je hurlerai "à boire !"
Je casserai des phares
Dans mon jardin secret
Je serai plus fort que moi
Moi
Je suis sympathique
Un peu malgré moi
Je suis sympathique
Hyper sympa
Je suis sympathique
Alors aimez-moi

Sympa sympathétique
Sympa sympathétique
Sympa sympathétique
Sympa sympathétique





Ce pull


Il y a du coton dedans
Du coton et du mouton
Un mouton c'est de la laine
Elle est tondue deux fois l'an
Du coton c'est du pollen
Je l'éternue deux fois l'an

Il y a du bleu dedans
C'est un bleu de méthylène
Tout de suite après la tonte
On y fait tremper la laine
Puis on la roule en pelotes
Par amour on la tricote
Mais peu importe
Il y avait une fille dans ce pull
Je ne suis pas dupe
Il y avait une fille dans ce pull
Et dans cette jupe
Il y avait une fille dans ce pull
Il y avait une fille dans ce pull

Il y a du parfum dedans
Celui d'un corps féminin
Une empreinte poivre et sel
De la peau à même la maille
Empreinte du souvenir
De se rouler dans la paille
Mais peu importe
Il y avait une fille dans ce pull
Je ne suis pas dupe
Il y avait une fille dans ce pull
Et dans cette jupe
Il y avait une fille dans ce pull
Je ne suis pas dupe
Il y avait une fille dans ce pull
Où l'avez-vous mise
Rendez-la moi
Je tire un brin de laine rousse
Entre l'index et le pouce
Et l'amour se détricote
Et retourne à sa pelote
Et la pelote recotonne
Et le coton remoutonne
Et peu importe

Il y avait une fille dans ce pull...


J'avais chaud


Ça n'était pas Abu Dhabi ni le désert Mojave
C'était chez moi c'était Paris rien encore n'était grave
Tu m'appelais tous les lundis et tu passais quand même
C'était en plein après-midi et nous avions la flemme
J'avais chaud

À tempo tu tournais la tête te balançais les tresses
Le vent glaçait par la fenêtre où tu fumais sans cesse
C'était pour aujourd'hui peut-être ou aujourd'hui en huit
Prendre dans mes deux mains la lettre et mon courage ensuite
J'avais chaud

Mais quand tu finis la lecture de mon aveu nouveau
Quand tapait la température de mon sang de ma peau
Rien pour moi dans ton cœur trop dur rien ne verra le jour
Alors j'ai enfoui les brûlures acides de l'amour
J'avais chaud

Et cette femme que j'attire cent ans après ce jour
Est la première à m'envahir cent ans après ce jour
La première à me rafraîchir cent ans après ce jour





Mon ami mythomane


Mon ami mythomane n'a pas connu la guerre
N'a pas connu la guerre la balle dans le genou
La rizière de l'enfer les prisons de bambou
Menotté serré
Tortures et cris
Évadé vengé
Lâché par Paris
Mon ami mythomane n'a pas connu la guerre
N'a pas connu la guerre du tout

Mon ami mythomane n'a jamais fait l'amour
N'a jamais fait l'amour à des hommes et femmes
La nuit dans le velours les chaînes et les lames
Menotté au bar
Dans un ministère
Harnaché de cuir
Fouetté par la reine
Mon ami mythomane n'a jamais fait l'amour
N'a jamais fait l'amour du tout

Mon ami mythomane n'a pas connu l'étrange
N'a pas connu l'étrange le retour à la vie
En djellaba orange de son meilleur ami
Le marabout secret
Du maire de Paris
La dent arrachée
À Salvador Dali
Mon ami mythomane n'a pas connu l'étrange
N'a pas connu l'étrange du tout

Mon ami mythomane n'a pas connu la vie
N'a pas connu la vie l'enfance la famille
Le temps les saisons la bagarre et les filles
C'est du vent de l'air 
Une vue de l'esprit
De mon imaginaire
De ma mythomanie
Car mon ami mythomane n'a pas connu la vie
N'a pas connu la vie du tout






Vendéen


Pourquoi pourquoi tout à coup me couper la main
Me passer la corde au cou et serrer le nœud
Six mois passés dans ton lit je porte ma croix
Tu sombres dans la folie je rends ma carte

MAIN NŒUD CROIX CARTE

Sans mes mains c'est pas permis d'avoir de jolis seins
Sans mes mains que tu mutiles, que tu coupes à la scie
Adieu ton dernier espoir de quitter la secte
Adieu la terre moi ce soir je prends la fuite

SEINS SCIE SECTE FUITE

Je te tuerais volontiers mais j'ai peur d'être veuf
Sans repères sans parapet de tomber dans le vice
Toute une vie consacrée à devenir bonze
Toute une vie massacrée et finir bouse

VEUF VICE BONZE BOUSE

Je revois les premiers jours les fleurs et les fraises
Les grands voyages en amour la Corse en carrosse
Je nage au milieu d'un rêve mais tu me pinces
Si je me jette en arrière tu tires ma chaise
Je caresse le rêve fou d'effacer nos disquettes
Moi ton capitaine Igloo toi ma princesse inuit
J'aurais été ton mari à Villeneuve
Putain mais qu'est-ce qui t'a pris avec ma main

FRAISES CARROSSE PINCES CHAISE
DISQUETTES INUIT VILLENEUVE MAIN

Mais je ne suis pas vendéen
MAIN NŒUD CROIX CARTE
SEINS SCIE SECTE FUITE
VEUF VICE BONZE BOUSE
FRAISES CARROSSE PINCES CHAISE
DISQUETTES INUIT VILLENEUVE MAIN
VENDÉEN





Parle-moi


Étendu nu sur un futon
Éveillé mais je fais le mort
J'attends 
Le passage des mains que j'adore

Le moment où paupières serrées
Le nez fourré dans l'oreiller
Le corps en croix lourd et molasse
La goutte d'huile me glace
Oh dis-le à mon corps
Autant tu l'aimes encore
Depuis le coccyx à la nuque
Longeant l'écueil de mes vertèbres
Tes gestes doux comme le sucre
M'enchanteront du bout des lèvres
Oh dis-le à mon corps
Autant tu l'aimes encore

Parle-moi
Parle-moi
Parle-moi
Avec les mains

Étendu nu sur un futon
Éveillé mais je fais le mort
Surtout ne crois pas que je m'endors
J'attends j'attends j'attends si fort
De sentir que tu m'aimes encore






N'importe quoi



Trouvé sur le sol de ma chambre un soir en rentrant
Le cadavre d'un scolopendre baignant dans le sang
Poignard berbère droit dans le cœur l'air affolé
Le visage couvert de sueur il me fixait
N'importe quoi
Moi tétanisé par le drame blanc comme une anglaise
Je voyais le lanceur de lames caché sous ma chaise
Bombant le torse, inspirant fort en lutteur de foire
J'approchais prudemment du mort quand je reçus l'armoire
N'importe quoi

Ils étaient quatre autour de moi en collants de couleur
Les Frères Jacques de l'assassinat et ils chantaient en chœur
Par chance à cet instant ding dong ! Merde j'étais en short
Le temps de nouer un sarong et j'ouvrais la porte
N'importe quoi
N'importe quoi
N'importe quoi



Le tire-fesses


Il n’est jamais jamais trop tard
Pour faire allumer les grands phares
Sur la neige blanche et damée
De la piste déjà tracée
Quand un flocon mal aligné
Peut te faire tomber du tire-fesses
Peut te faire tomber du tire-fesses
Avant l’arrivée

Il n’est jamais jamais trop tard
Pour faire taire le baratin couard
Des diables à langue fourchue
Des fantômes du château-cul
Qui dans ton ombre s’évertuent
À te faire tomber du tire-fesses
À te faire tomber du tire-fesses
Avant l’arrivée

Il n’est jamais jamais trop tard
Pour te glisser sous mes caresses
Un coup de reins pour que trépasse
Le goût de rien et disparaisse
À jamais la sourde menace
De te faire tomber du tire-fesses
De te faire tomber du tire-fesses
Avant l’arrivée

Ou alors s’il n’est pas trop tard
Skier sur la pointe des pieds
Droit comme un i apercevoir
Les villageois derrière la haie
Et pourquoi pas tant qu’on y est
Tenter de lâcher le tire-fesses
Tenter de lâcher le tire-fesses
Avant l’arrivée









Paroles et musiques : Albin de la Simone 
(Editions Wagram - De fil en Aiguille - DR)

Sauf Vendéen
Paroles : Jeanne Cherhal et Albin de la Simone 
Musique : Albin de la Simone
(Editions Tibia - Wagram - De fil en Aiguille - DR)


Albin de la Simone
Voix, chœurs, claviers
(Helmut, pianos Melodipro et Wurlitzer, orgue Hammond B3, clavinet Hohner D6, synthétiseurs ARP 2600, Solina String Ensemble, Roland JX8P, PolyMoog, Yamaha CS60, Oberheim OBX, Vermona PerFourmer)

François Lasserre
Guitares
(Guild Starfire, Gibson SG, Höfner President, Fender Telecaster, banjo Vee)

Pascal Colomb 
Basses
(Fender Mustang et Höfner 61)

Fabrice "Cub1" Colombani
Percussions
(Congas, shakers, triangle, bata, tambourins et accessoires maison)

Philippe Entressangle
Batterie 
(Ludwig)

Marlon B
Montages, boite à rythmes Rythm King et Emu SP12, chien

Mike Marsh
Mastering au studio The Exchange

Grégoire Alexandre
Photographies

Frank Loriou
Graphisme


Enregistrement réalisé par Marlon B et Albin de la Simone



Enregistré et mixé par Marlon B au studio Magnetica 
sauf Adrienne, enregistrée par Marlon B et Didier Puydesseau aux studios Magnetica et Acousti, et mixée par Julien Delfaud au studio de la Grande Armée

Assistant de Marlon B : Jordan Koubi
Assistant de Julien Delfaud : Anaël Train
Montage album : Chab à Translab
Décor photo : Emeline Stranart assistée par Karl Marc 

Vanessa Paradis apparaît avec l'aimable autorisation des disques Barclay, un label Universal Music France

À feu Allen Carr. 
À Marlon, Pascalou, François, Philippe et Cub1. 
À Alix Turrettini, Chrystelle Desmaziers, Catherine Cuny, Alan Gac, Emmanuel Perrot et le pétulant Cinq7. 
À Olivier Touati, Charles Bensmaine et aux Auguri olympiques. 
À Marie Nowak, Stevie Ray Popeck, Louis Chedid, Jej Goldet, Isabelle Dordhain, Laurent Mercou et Amadeo pour les déclics. 
À Stéphane Berlow, Flantre, Thomas Lélu, Jean-Max Mery, JB Brunhes, José Levy, Sonia Bricout, Madame Hartemann et Lisa Deluxe. 
À Annick Raoul pour son pull. À Jeanne. 
À Abangan Bungalows, Ubud. 

À Nicole Schluss, Corinne Paradis, Barclay. 
À Vanessa Paradis

Merci.

À la mémoire de Guy Qui.